Découverte fortuite d’une nouvelle galaxie dans le voisinage cosmique

Des astronomes utilisant le télescope spatial Hubble de la NASA/ESA afin d’étudier certaines des étoiles les plus anciennes et les plus faibles de l’amas globulaire NGC 6752 ont fait une découverte inattendue. Ils ont découvert une galaxie naine dans notre arrière-cour cosmique, à seulement 30 millions d’années-lumière. La découverte est publiée dans la revue Monthly Notices of the Royal Astronomical Society: Letters.

bergeronHST
La galaxie Bedin 1, découverte par hasard. Crédit image : NASA, ESA, Bedin et al.
Une équipe internationale d’astronomes, incluant le professeur Pierre Bergeron de l’Université de Montréal et membre du Centre de recherche en astrophysique du Québec (CRAQ), a récemment utilisé le télescope spatial Hubble de la NASA/ESA pour étudier les étoiles naines blanches dans l’amas globulaire NGC 6752. Le but de leurs observations était d’utiliser ces étoiles pour mesurer l’âge de l’amas mais, ce faisant, ils ont fait une découverte inattendue.

Un groupe compact d’étoiles était visible à la périphérie du champ observé avec la caméra du télescope Hubble. Après une analyse minutieuse de leur luminosité et de leur température, les astronomes ont conclu que ces étoiles n’appartenaient pas à l’amas – qui fait partie de la Voie lactée – mais étaient plutôt situées à des millions d’années-lumière plus loin.

Notre voisine cosmique récemment découverte, surnommé Bedin 1 par les astronomes, est une galaxie allongée de taille modeste. Elle ne mesure qu’environ 3 000 années-lumière dans sa plus grande étendue – une fraction de la taille de la Voie lactée. Non seulement elle est minuscule, mais elle est également incroyablement peu lumineuse. Ces propriétés ont conduit les astronomes à la classer comme une galaxie sphéroïdale naine.

Les galaxies sphéroïdales naines se définissent par leur petite taille, leur faible luminosité, leur manque de poussière et leurs vieilles populations stellaires. On connaît déjà 36 galaxies de ce type dans le groupe local des galaxies, dont 22 sont des galaxies satellites de la Voie lactée.

Bien que les galaxies naines sphéroïdales ne soient pas rares, Bedin 1 présente certaines caractéristiques remarquables. C’est non seulement l’une des quelques naines sphéroïdales dont la distance est bien établie, mais elle est également extrêmement isolée. Elle se situe à environ 30 millions d’années-lumière de la Voie lactée et à 2 millions d’années-lumière de la plus grande galaxie hôte plausible, NGC 6744, ce qui en fait probablement la petite galaxie naine la plus isolée découverte à ce jour.

D’après les propriétés de ses étoiles, les astronomes ont pu en déduire que la galaxie est vieille d’environ 13 milliards d’années – presque aussi vieille que l’univers lui-même. En raison de son isolement – faisant en sorte qu’elle n’a eu pratiquement aucune interaction avec les autres galaxies – et de son âge, Bedin 1 est l’équivalent astronomique d’un fossile vivant du début de l’univers.

La découverte de Bedin 1 est une découverte vraiment fortuite. Très peu d’images de Hubble permettent de voir des objets aussi peu lumineux, et elles ne couvrent qu’une petite partie du ciel. Les futurs télescopes à large champ de vision, tels que le télescope WFIRST, disposeront de caméras couvrant une zone beaucoup plus vaste du ciel et pourraient en trouver beaucoup plus.

À propos des galaxies sphéroïdales naines

Bien que semblables aux galaxies elliptiques naines par leur apparence et leurs propriétés, les galaxies sphéroïdales naines ont en général une forme approximativement sphérique et une luminosité plus faible.

Plus d’information

Le télescope spatial Hubble est un projet de coopération internationale entre l’ESA et la NASA.

Les résultats ont été présentés dans la lettre “The HST Large Programme on NGC 6752. I. Serendipitous discovery of a dwarf galaxy in background”, publiée dans la revue Monthly Notices of the Royal Astronomical Society: Letters.

L’équipe internationale d’astronomes qui a mené cette étude est composée de L. R. Bedin (INAF-Osservatorio Astronomico di Padova, Italie), M. Salaris (Liverpool John Moores University, Royaume-Uni), R. M. Rich (University of California Los Angeles, ÉU), H. Richer (University of British Columbia), J. Anderson (Space Telescope Science Institute, ÉU), B. Bettoni (INAF-Osservatorio Astronomico di Padova, Italie), D. Nardiello (Università di Padova, Italie), A. P. Milone (Università di Padova, Italie), A. F. Marino (Università di Padova, Italie), M. Libralato (Space Telescope Science Institute, ÉU), A. Bellini (Space Telescope Science Institute, ÉU), A. Dieball (University of Bonn, Allemagne), P. Bergeron (Université de Montréal), A. J. Burgasser (University of California San Diego, ÉU), D. Apai (University of Arizona, ÉU).

Contact :
Prof. Pierre Bergeron
Université de Montréal
Tél : (514) 343-6678
bergeron@astro.umontreal.ca

 

Source :
Robert Lamontagne
Responsable des relations avec les médias
Centre de recherche en astrophysique du Québec
Tél : (438) 495-3482
lamont@astro.umontreal.ca

Mathias Jäger
ESA/Hubble, Public Information Officer
Garching, Germany
Tél: +49 176 62397500
mjaeger@partner.eso.org